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Ainsi parlait Guillaume
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Ainsi parlait Guillaume
11 mars 2010

La poésie moderniste

Dès les premières années du 20e siècle, les valeurs du Symbolisme sont battues en brèche par de nouvelles écoles littéraires souvent éphémères. Celles-ci s’en prennent à l’obscurité, au rêve, au cosmopolitisme qui caractérisent, selon elles, le grand mouvement de la fin du siècle. On reproche au Symbolisme notamment d’avoir privilégié le songe contre la vie, exalté le passé contre le présent, la nostalgie contre l’avenir, et surtout d’être resté aveugle au monde au monde moderne. Il faut désormais dissiper les brumes et effacer les ombres chères au Symbolisme pour apprécier le monde matériel et ses merveilles produits par la technologie industrielle, dans la lumière d’une réalité dévoilée.

Dans les poètes d’aujourd’hui, Henri de Régnier estime que « le meilleur moyen de savoir ce que les veulent les poètes de demain est encore de savoir ce qu’ils reproche à la poésie d’hier ». Or, le reproche fait au Symbolisme et qui les résume tous, est d’avoir négligé la Vie au profit du Rêve. Les poètes de demain veulent vivre et dire ce qu’ils ont vécu, directement, simplement, intimement, lyriquement. Ils ne veulent pas chanter l’homme en ses symboles, ils veulent l’exprimer « en ses pensées, en ses sensations, en ses sentiments ». La nouvelle génération rejette le pessimisme et le poids d’une certaine malédiction hérité de Schopenhauer et de Chateaubriand, pour s’enthousiasmer avec ferveur des prouesses du monde moderne.

Marinetti, en 1909 publia 1909 Manifeste du Futurisme (On peut voir le ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifeste_du_futurisme)qui donne le coup de grâce au Symbolisme. Son programme, qui s’échafaude en onze points est reçu comme une bombe. Il s’agit en effet de faire définitivement table rase du passé, de détruire les musées et les académies pour chanter les prouesses de la technologie au premier rang desquelles la machine et la vitesse.

   C’est à partir de ce moment-là que les poètes font l’éloge du train, de la voiture dans leurs œuvres. Ainsi s’élabore une poésie moderne fondée sur l’analogie. Mais les rapports magiques qui s’établissent entre les mots ne sont pas produits du jeu désintéressé de la pensée livrée à elle-même, du travail des signifiants dans l’inconscient comme chez les surréalistes ; ces cours-circuits sont déclenchés par le regard lancé sur le monde, et portés par l’action. La plupart des poètes de la Modernité sont de grands voyageurs ; ils vivent leurs voyages comme des poèmes en jonglant avec les horizons et les époques. Comme l’exprime Max Jacob dans son Art poétique, tout est bon pour l’homme d’action qu’est désormais le poète, afin de nourrir une imageporteurse d’inédit : « Les rimes trop riches et d’enseignes, les souvenirs de lectures, l’argot de conversation, ce qui se passe de l’autre côté de l’Équateur, les déclenchements inattendus, l’air de rêve, les conclusions imprévues, les associations de mots et d’idées, voilà l’esprit nouveau. » Cependant, quand le voyage, accéléré par la vitesse, conduit le poète ou l’artiste vers de nouveau horizons, il met des cultures allogènes en contact avec le monde moderne, loin des musés que le Futurisme menace de vouloir incendier. Ainsi s’affirme une esthétique inédite, faite de contraste et de mouvement. Rien d’artificiel pourtant dans cette rencontre puisque « le long des autostrades macadamis.es les pompes à essence(...)ressemblent tant aux fétiches des sauvages(...), les slogans électriques des modernes remplaçant les tatouages sacrés des primitifs »

   Les modernistes font l’éloge de la vie dangeureuse. Avec la guerre, c’est tout l’enthousiasme du jeune siècle qui bascule dans l’horreure et la boue des tranchées. Cendrars y perd son bras, Apollinaire sa vie, Marinetti son âme ! Les valeurs perdurent quelque temps encore. Elles sont privées de leur énergie initiale ; elles s’essoufflent vite. On constate l’apparition d’une génération nouvelle, née à peu près avec le siècle. On assiste à un reniement agrssif d’une culture qui lui paraît avoir cotribué pleinement à l’affrontement des nations. Ces jeunes gens expriment leur dégout et illustrent leur rupture dans l’explosion du mouvement Dada qui est un prélude à un retour vers l’esprit. De poètes comme Breton, Aragon, Éluar seront les artisans d’une nouvelle quête de l’homme. Ce n’est pas un hasard si les futurs fontadeurs du Surréalisme tiennent à saluer, au passage, la mémoire des symbolistes. Une nouvelle modernité est en train de naître, après le Modernisme, mais il s’agit là d’une autre histoire...

(composé d'après la bibliothèque de la poésie : La poésie moderniste, France loirsir)

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Commentaires
G
@zibu, je me sens flatté. En fait, j'ai consulté un livre et je l'ai écrit d'après la préface.
Z
Merci pour votre visite.<br /> Une superbe introduction de la poésie moderniste
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