Deux poètes francophones
Aujourd’hui je vais présenter deux poètes francophones.
Gérard Vergniaud Étienne (né le 28 mai 1936 à Cap-Haïtien au Haïti - mort le 14 décembre 2008 à Montréal, au Québec) est un poète, écrivain, linguiste et journaliste.Gérard Vergniaud Étienne quitte à 15 ans le foyer paternel. Il proteste ainsi contre la violence que son père fait subir à sa mère car celle-ci ne partage pas ses croyances vaudou. Gérard Etienne restera terriblement marqué par cette période de sa vie. Il part pour Port-au-Prince. Très vite, il participe à une insurrection contre le gouvernement despotique de Paul E. Magloire. Arrêté en compagnie de Luc B. Innocent et de Windsor K. Laferrière, il est emprisonné et torturé une première fois. Disciple du marxiste haïtien, le grand romancier et médecin Jacques Stephen Alexis, il participe à un complot contre le gouvernement de François Duvalier ("Papa Doc'"). Il est arrêté puis torturé une nouvelle fois (il est alors âgé de 23 ans). La prison et la torture le marquent profondément, mais il trouve la force de faire des études classiques en Haïti, d'enseigner dans de prestigieux collèges et d'amorcer une carrière de journaliste.
À 13 ans, il rédige ses premiers poèmes qu'il interprète à la radio. À l'âge de 16 ans, il achève un premier livre de poésie. Puis il publie coup sur coup Au milieu des larmes (1960), Plus large qu'un rêve (1960), La raison et mon amour (1961), Essai sur la négritude (1962) et Le nationalisme dans la littérature haïtienne (1963). Il fonde le groupe culturel Samba qui devait devenir Haïti-littéraire. Parallèlement à sa vie d'écrivain, il enseigne dans des collèges et au lycée. Il est en même temps critique littéraire et reporter aux quotidiens Le Nouvelliste (1961-1962) et Panorama (1962-1964). Gérard Etienne a aussi suivi parallèlement une trajectoire artistique et militaire, particulièrement à la Société des Messagers de l'art (1963) et au Corps d'Aviation où, cadet de l'air, il est affecté au département de météorologie (1955-1957). En août 1964, l'écrivain s'exile au Canada. Débarqué à Montréal, il enseigne au Lycée Da Silva (1964-1965) et travaille comme reporter au quotidien "Métro Express" et au journal "Quartier Latin". Au cours de ses études en lettres à l'Université de Montréal (1964-1970), il travaille en usine puis comme infirmier à l'Hôtel Dieu de Montréal. Il enseigne au Collège de Matane (1968-1970) et collabore au journal La Voix canadienne. Il publie en 1965 son premier livre au Canada, "Lettres à Montréal". Il détient un baccalauréat ès arts et une licence ès lettres de l'Université de Montréal (1968), ainsi qu'un doctorat en linguistique de l'Université de Strasbourg (1974). En 1958, il entreprend simultanément une carrière de journaliste, de professeur et d'écrivain. Avec la parution de son premier recueil de poésie, il se retrouve à la tête de plusieurs mouvements culturels et littéraires dans son pays. A la suite d'une longue détention dans les prisons de Duvalier, il s'exile au Québec en 1964. Depuis, il ne cesse de publier poésies et récits. Son oeuvre figure dans plusieurs anthologies françaises et haïtiennes. Ces romans ont été traduits en anglais, en portugais et en allemand.
Il a été rédacteur en chef de la revue Lettres et Écritures de la Faculté des lettres de l'Université de Montréal de 1967 à 68 et de la revue de l'Université de Moncton de 1974 à 1980. Il a également collaboré au quotidien Le Matin et aux hebdomadaires "Le Voilier" et Le Moniteur acadien. Depuis 1971, il est professeur à l'Université de Moncton au Nouveau-Brunswick, où il enseigne le journalisme. En 1979, il y fonde le module information/communication. Il est aussi le fondateur du Théâtre de Matane.
Il collabore au journal "Le Devoir" de 1972 à 1987 et il est éditorialiste au quotidien Le Matin (1986-1987. Malgré deux comas et une opération au cerveau, il continue à écrire à l'hebdomadaire "Le Voilier" (1987-1989). En 1993, quelques instants avant qu'il ne soit l'invité de l'émission de Denise Bombardier "Raison Passion", une agression physique d'ordre politique lui fait comprendre l'étendue du combat qu'il lui reste à mener contre ce qu'il appelle alors les "féodaux" haitiens (voir "L'Injustice, la désinformation, le mépris de la loi". Depuis cette date, Gérard Etienne collabore au journal Haïti-Observateur et poursuit sa lutte pour un changement démocratique durable dans son pays d'origine. À ce titre, il publie en 2008 aux Éditions du Marais une pièce de théatre sans concessions, "Monsieur Le Président". La pièce est montée par la troupe de comédiens Racine. Elle est jouée au Théâtre Stanislas d'Outremont au mois d'avril 2008, et les cinq représentations sont couronnées de succès.
Plusieurs de ses titres ont été traduits en langues étrangères. L'écrivain a aussi suivi une carrière scientifique. Il a fondé une nouvelle discipline en sciences humaines, l'anthropobiologie. Ces deux essais sur le sujet ont été salués par la critique au Québec et dans le monde francophone. Plusieurs autres études savantes en linguistique et en sémiologie sont venues s'ajouter depuis à l’œuvre de Gérard Etienne (voir liste plus bas.Gérard Étienne est récipiendaire de plusieurs prix et distinctions.
Gérard Étienne a été nommé personnalité de l'année en Acadie (catégorie finaliste) en 1992. Il a reçu le Prix du meilleur éditorialiste (éditorial du Voilier) en 1988 et le Prix de la meilleure émission radio communautaire en 1994. Il a aussi obtenu en 1996 le certificat d'honneur Maurice Cagnon du Conseil international d'études francophones (CIEF) et la médaille d'or La Renaissance française à Montréal en 1997. Il détient également le trophée Cator pour l'ensemble de son oeuvre. Membre directeur des Éditions françaises du Canada (1970), il sera membre fondateur, lecteur et membre du conseil d'administration des Éditions de l'Acadie. Il est membre de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), et travaillera notamment en 2005-2006 pour le comité "Langue et souveraineté". Voici un de ses poèmes célèbres.
LA CHARTE DES CRÉPUSCULES (extraits)
Déjà vingt-trois saisons dans une vie crucifiée
La marée disparaît au bruit des canons
Je n'ai pour boussoles que des soleils d'amitié
Maman n'a pas mis aujourd'hui la marmite au feu.
Partout des camarades tombent comme des mouches
partout des filles dépouillées de leur virginité
Le chien le plus cruel a pitié de Michel
Le ciel dort comme la fumée de ma lampe
que la nuit n'entre pas dans ma chambre
les bras chargés de désespoirs
J'en pleurerais.
Aussi belle qu'une étoile
Dans toutes les vagues je us ton histoire
Je fais l'amour avec les hirondelles de ton village
tu rends mes nuits insupportables
plus insupportables que le cri des tortures
Ta silhouette prend derrière un arbre la forme d'une plage
où des colibris ivres de soleils
déposeront plus tard une gerbe de vie
Et sous ton clair regard qui invite a la fête
quel paysan ira chercher sa bouteille de tafia
Si je dois t'emprunter mes façons de rêver
l'amour qui me tue
le désir qui me ronge
O fille des plaines abandonnée sur la rive
que tu répandes sur ma couche déjà vieille de cent ans
ton parfum de rose blanche
Je le dirai encore
Je le dirai encore
bras ouverts à l'espoir
Je le dirai encore
aux grisailles des matins
et chaumières vides de pain
Je le dirai encore pour elles a la veillée
pour ceux qui chaque jour triment dans les chantiers
les soirs coordonnés au langage des soupirs
Je le dirai encore
Oh! ce bonheur de tendre des fleurs au combat
de marcher sans crainte sous des balles
et jouer gorges déployées le temps des cerises
Abdelmajid Benjelloun, né le 17 novembre 1944, est un écrivain, poète et historien marocain d'expression française, spécialiste de l’histoire du nord du Maroc. Docteur d'État en droit public de l'Université de Casablanca, Maroc depuis 1983, il est membre de la Maison de la poésie du Maroc et professeur d'histoire des relations internationales à la faculté de droit de Rabat depuis 1976. Il a été élu, le 9 juillet 2009, Président du Centre marocain du PEN INTERNATIONAL.
(composé D'après Wikipédia)