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Ainsi parlait Guillaume
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Ainsi parlait Guillaume
11 février 2010

La poésie moderne et Baudelaire

baudelaire1Vers 1850 s’affirme la fin du Romantisme et aussi le début de la poésie moderne. Le Romantisme reste l’école que j’aime le plus parmi tous les courants poétiques. En écrivant ces phrases, je suis un peu nostalgique comme si le Romantisme me quittait. Mais cela ne veut pas dire que j’ai préjugé contre la poésie moderne. Verlaine est aussi un des poètes favoris. On trouve un nouveau monde après 1848, où le symbole remplace l’épanchement, la couleur artificielle remplace le paysage de la nature. La modernité se définit donc comme une rupture nette et volontaire avec le passé. Baudelaire est bien celui qui a le premier conçu et exprimé le sens de cette rupture. Avec lui, à partir de lui, la poésie française se libère définitivement des règles qui semblaient avoir fixé pour toujours sa nature et son idéal. Baudelaire est aussi romantique, le dernier des Romantiques, « à la pointe extrême du Kamtchatka » de ce mouvement, selon le mot perfide de Sainte-Beuve. Pourtant, nous reconnaissons en lui l’initiateur d’une conversion fondamentale de la poésie qui ne séparera plus le travail sur le langage de la suggestion de l’expérience vécue, qui liera même tout aussi intimement la sensibilité au langage que le langage à la sensibilité. La célèbre boutade de Mallarmé, « on ne fait pas de la poésie avec des idées mais avec des mots »,

      Classique par le souci de la forme, romantique par l’inspiration et la sensibilité, en quoi Baudelaire est-il donc le premier poète moderne ? Par la rechercher acharné, douloureuse et dramatique qui lui enjoint de plonger.

Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau.

                                      (« le voyage », Baudelaire)

      Il a révolutionné le paysage de la poésie du 19e siècle et a rompu avec l'esthétique classique et l’a conduite vers une direction inconnue. Baudelaire est le premier à transformer les images en symboles, parce qu’il est convaincu qu’il y a, derrière le monde réel, un monde spirituel et entre les deux, des « correspondances » possibles grâce à certains objets privilégiés. Cette poésie des « correspondances » est souvent en même temps une poésie de la réminiscence par toute la richesse de souvenirs dont ces symboles sont chargés. Mais une poésie aussi savante ne peut être abondante et Baudelaire est hanté par la crainte de la stérilité.

      Baudelaire, né à paris en 1821, perdit son père quand il avait six ans. Le remariage de sa mère avec le commandant Aupick fut pour lui un profond chagrin. Excellent élève, bachelier en 1839, il commence alors une vie de bohème qu’interrompt un voyage à l’île Maurice, exigé par son beau-père. Il en restera marqué par des souvenirs exotiques. Comme il dissipe son capital, sa famille lui impose en 1844 un conseil judiciaire. Dès lors Baudelaire cherche à vivre de sa plume : il fait surtout de la critique d’art et rend compte des Salons du Louvre en 1845 et 1846; il témoigne d’emblée dans ce genre d’une précoce maîtrise; il estime que l’art doit être l’expression d’un tempérament plus que le résultat d’une habileté technique, il privilégie la couleur et ses harmonies par rapport au dessein, et enfin, très opposé au réalisme, accorde la primauté à l’imagination, la « reine des facultés », se ralliant ainsi à ce qu’il appelle un « surnaturalisme ». Enfin, indépendamment de ces principes, Baudelaire a fait preuve d’une très grande sûreté dans ses jugements, que la postérité a la plupart du temps ratifiés : Son admiration pour Delacroix montre quels liens profonds il gardera toujours avec le romantisme.

       Les années 1848 à 1861 sont pour lui la grande période de production littéraire : il traduit assidûment, de 1848 à 1865, les oeuvres d’Edgar Poe, en qui il a découvert un génie fraternel. Il publie d’abord des poèmes isolés dans des revues; puis, en 1851, un premier choix de 11 poèmes paraît sous le titre les Limbes; en 1855, un second choix de 18 poèmes sous le titre Les fleurs du Mal. La première édition en recueil est de 1857 et comporte cent poèmes. Enfin, en 1861, Baudelaire augmente son recueil(126 poèmes) dont il remanie et améliore l’architecture. Cette poésie très neuve ne fut guère comprise des contemporains et valut à son auteur en 1857 un retentissant procès en correctionnelle, qu’il perdit.

       L’angoisse du spleen, qui domine de nombreux poèmes, pouvait passer pour une forme exaspérée du « mal du siècle ». Le spleen se définit par l’angoisse, le dégoût de tout, le découragement qui provoque des crises accompagnées d’hallucinations. Mais le spleen se trouve aussi dans le cœur de l’homme, où se livre une bataille entre la chair et l’esprit, l’enfer et le ciel, Satan et Dieu. Tout cela provoque chez le poète un sentiment de mélancolie, d’angoisse, et de profond dégoût pour la vie. Le spleen baudelairien est à la fois plus physiologique et plus métaphysique que les inquiétudes romantiques; il relève d’une obsession de solitude et d’exil, d’une hantise du Temps profondément liée au tragique de la condition humaine. Et surtout, au spleen qui est dépression, s’oppose l’appel de l’idéal qui est tentative d’exaltation : la soif de la pureté perdue est une nostalgie permanente au cœur de Baudelaire, qui voudrait retrouver une innocence première. Faute d’y arriver comme homme, il espère y arriver comme artiste et nourrit un rêve de Beauté où l’art et la poésie sont la meilleure preuve de l’infini et de l’idéal qui nous appellent. Mais cet appel ne réussit pas à sauver Baudelaire; il éprouve la déchéance de l’homme plus qu’il n’a confiance en rédemption; dans l’infini même, il ne sait pas s’il va trouver Dieu ou Satan. Aussi cherche-t-il l’oubli de cette condition intolérable dans l’ivresse, sous toutes ses formes, mais moins sans doute dans les drogues que dans l’utilisation raffinée des sensations, dans le rêve du voyage, dans la poésie des ailleurs et dans l’espoir en ce suprême voyage qu’est la Mort.

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Commentaires
R
Merci pour l'article, très utile & intéressant !<br /> Personnellement, je trouve que Baudelaire m'est, pour l'instant, un peu trop dur à décoder !!<br /> Je ne vois pas les symboles ou les sous-entendus !!M'enfin, je n'ai presque rien lu, mais j'ai envie de continuer à décrouvrir !!<br /> Avouons parfois que l'on se dit "Waah, c'est vraiment bien dit" !!<br /> Merci encore !! :)
L
Perplexe à la lecture était le peuple d'Albe :<br /> Pourquoi donc Baudelaire aime-t-il cet oiseau ?<br /> Leurs gros jabots ont beau ne pas manquer de galbe<br /> D'albatros, désolé, d'albatros Albe a trop.<br /> <br /> Lol baudelaire je déteste c'est lourdingue,<br /> hémistiches symétriques colmatés d'adjectifs dans 3 vers sur 4 c'est que du remplissage facile<br /> <br /> Il n'a aucune idée du génie de l'économie lexicale<br /> Verlaine j'aime mieux
G
Le spleen revêtit un sens plus métaphysique qui dépasse l'existence mais la mélancolie est liée plutôt au chagrin d'amour.<br /> C'est ce que je pense personnellement. Tu peux demander à tes professeurs de littérature.
G
@René Fu<br /> Je la trouve aussi un peu effrayante. Je ne sais pas si Baudelaire l'a fait en exprès ou le photographe l'a prise par hasard.<br /> Je pense que le spleen et la mélancolie expriment le même sens, au moins c'est ce que dit le dictionnaire.
R
Spleen, un mot difficile à comprendre. Quelle est la différence entre spleen et mélancolie ?
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