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Ainsi parlait Guillaume
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Ainsi parlait Guillaume
28 janvier 2010

Hugo écrit pour le peuple

Une des raisons pour lesquelles Hugo reste un des plus célèbres poètes en France et dans le monde tient à ce qu’il écrit pour le peuple. Hugo a réussi ce tour de force d’écrire en satisfaisant à la fois les lettrés et le peuple. Il a évité le plus souvent l’obscurité, la préciosité et les imbécillités divers qui poussent une langue à l’agonie. Il rejette par exemple autant qu’il peut les tournures latines qui conduisent à supprimer les articles en français. Écrire pour le plus grand nombre a son revers. Hugo choie les paradoxes : « Pour l’enfant, grandir, c’est chanceler », et les alliances de mots : « ces nains géants ». C’est son style.

        Les champs n’étaient point noirs, les cieux n’étaient pas mornes ;

        Non, le jour rayonnait dans un azur bornes...

Ces deux vers ouvrent le célèbre poème Tristesse d’Olympio.

        Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres,

        Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;

Et qui se poursuit par cinq « maintenant que... » eux-mêmes résolus par :

        Je reprends ma raison devant l’immensité...

Et se continue par « je viens à vous » en tête de deux quatrains successifs ; puis trois « je conviens » et caetera... qui créent un corset au roulis... À cette rhétorique supérieure et qui reste efficace, on préfère aujourd’hui, sur ce même thème, le poème plus simple et immensément retenue :

       Demain dès l’aube, a l’heure où blanchit la campagne
       Je partirai vois-tu, je sais que tu m’attends...

L’admirable est que les deux façons se trouvent chez Hugo. Il les a fait se côtoyer. On peut choisir, Hugo nous le permet. Tous les auteurs n’offrent pas une telle largesse.

La rhétorique relevait des exigences de l’époque. Ce qui est incroyable, c’est l’étendue de l’écriture hugolienne qui, à côté de ses morceaux de bravoure, peut créer avec autant de perfection une antirachitique absolument nouvelle, que vont reprendre après lui grands prêtres de la poésie moderne : Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Hugo a donné à comprendre que la poésie était sans limites. Car la fonction de la poésie, c’est de transmettre une expérience pour tous les hommes de tous les pays et de toutes les époques. Peu importe l’utopie. Ce rêve exige la réalité, la vérité, la clarté et la puissance de persuasion, sans lesquelles rien n’existe. Toute sa vie, Hugo a contré la sourdre tentation de la mort. C’est pour cela qu’obstinément il a voulu percer les secrets de l’au-delà. Le résultat pèse un poids d’ombre, on peut en convenir. Ce qui importe, néanmoins, comme dans toute aventure humaine, c’est la tentation du dépassement du soi. Le témoin Hugo est digne de foi.

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